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Il coupe les légumes sur la planche de bois. D’abord le chou haché comme dans bon nombre de recettes d’Europe de l’Est. Pas de souci, un vieux chou à moitié entamé et fatigué dort dans le bac à légumes du frigo. Puis les tomates. Il n’a pas de temps à perdre à peler des tomates, les épépiner et les couper en dés. Des tomates en boîte (300 grammes) déjà préparées feront très bien l’affaire. Ensuite les oignons : un oignon haché et un autre coupé en rondelles. Bizarre! Il relit la recette. Le premier oignon va dans la casserole principale et le deuxième dans une petite casserole accessoire où il mijotera dix minutes avec deux cornichons salés découpés en fines lanières. Il coupe les oignons à l’aide de son super couteau de chef, en prenant bien garde à ses doigts. Il n’oublie pas la fois où il avait dû se rendre à l’urgence de l’hôpital ; quatre points de suture, un repas et une soirée gâchés. Depuis, il est prudent et travaille très lentement, trop lentement au goût de sa femme russe toujours pressée.
Maintenant, 800 grammes de divers poissons à chair ferme. Il a dû discuter et négocier pendant dix minutes avec la poissonnière pour identifier quatre poissons à chair ferme qui conviennent dans cette soupe. Il a même dû expliquer longuement ce qu’était une Solianka. Il doit avouer qu’elle est curieuse cette soupe russe dont le nom signifie « salée » et « mélange ». Salée à cause des cornichons, des olives vertes et des olives noires, sans compter les câpres qu’on rajoute à la fin. A-t-on idée de mettre de tels ingrédients dans une soupe? Quel bordel ! On peut attendre n’importe quoi de ces Bolchéviques à la noix. Correction. La recette date de plusieurs siècles. Bon, on peut attendre n’importe quoi de ces foutus Russes en général. La jolie poissonnière, originaire du sud de la France, l’avait écouté avec scepticisme. Elle aurait préféré qu’il préparât une bouillabaisse.
Que faire avec le poisson? Le découper en gros morceaux qu’on plonge dans le fumet de poisson (deux litres) pendant un maximum de dix minutes.
Il termine la préparation et relit la recette afin de bien la comprendre et ne rien oublier. Facile à retenir son nom : Solianka. Il l’espère goûteuse, subtile et surprenante. Sinon, la prochaine fois, il préparera plutôt une bonne soupe aux pois, nourrissante, réconfortante, odorante, une vraie « French Canadian Pea Soup » de chez nous.